JSA Bordeaux

Dans sa deuxième saison seulement en N1, le meneur Kiady Razanamahenina (1,84 m, 25 ans) surprend en se hissant en tête du classement des scoreurs. Le nouvel international malgache doit maintenant valider cette belle progression avec de meilleurs résultats collectifs.

Votre parcours est assez atypique. Comment êtes-vous passé, en seulement trois saisons, d’un meneur scorant 10 points de moyenne en N2 (9,7 points en 2018-2019 avec Cergy-Pontoise) à un joueur qui est actuellement le meilleur marqueur de N1 (20,3 points) ?

Je n’ai évolué dans aucun centre de formation, j’ai été recalé à chaque fois que j’ai eu l’occasion de passer des tests. J’ai donc joué dans mon club en région parisienne puis j’ai gravi les échelons : seniors région, N3, N2 et N1 aujourd’hui. C’est ma détermination qui a pu me mener jusqu’ici. J’ai également été très bien entouré par ma famille et mes entraîneurs, notamment Steed Tchicamboud. À Cergy puis Sorgues, alors que je n’étais qu’en N2, il m’a appris comment devenir un joueur professionnel. Être meilleur marqueur de N1, ce n’était pas un objectif. J’apprécie ce statut mais ce serait beaucoup mieux avec des victoires.

BC des Portes de l’Isère (N3), BC Saint-André-les-Vergers (N3), Cergy-Pontoise (N2), Sorgues (N2), GET Vosges (N1) et Bordeaux, vous avez changé de club chaque saison depuis 2016. C’était un cheminement inévitable ?

Il est certain que si j’avais pu franchir toutes ces étapes avec un seul club, ça aurait été plus confortable mais franchement, pour le moment, ça ne m’a jamais dérangé de changer d’environnement. Je veux jouer au meilleur niveau possible, mes clubs connaissaient mes objectifs. Peut-être que je chercherai davantage de stabilité à l’avenir mais pour le moment, je veux seulement atteindre mes objectifs. Aujourd’hui, ma vie est centrée à 100% sur le basket.

Vos bonnes prestations avec l’AS Golbey Epinal la saison dernière vous ont permis de rejoindre l’équipe de Madagascar pour les qualifications pour l’AfroBasket. Avant ces premières sélections, quels étaient vos liens avec le basket malgache ?

Mes parents sont Malgaches, j’allais là-bas quasiment tous les étés quand j’étais enfant. J’ai toujours eu envie de mouiller le maillot pour Madagascar, je l’avais déjà fait en 2014 avec les U18. Décrocher des sélections en équipe A, c’était pour moi quelque chose d’exceptionnel. Nous ne nous sommes pas qualifiés (0 victoires, 6 défaites) mais il y a eu une réelle progression entre les deux phases. La priorité est de faire avancer le basket malgache et sur ce point, je pense que nous avons réussi.

Quelques mois plus tard, vous avez rejoint les rangs d’une équipe malgache (Gendarmerie Nationale Basketball Club) invitée à participer à la Basketball Africa League, la nouvelle compétition initiée par la FIBA et la NBA. Comment s’est présentée cette opportunité ?

Des coéquipiers de l’équipe nationale ont parlé de moi à leur coach, j’ai été contacté par le club et GET Vosges a accepté de me libérer. Tout s’est fait très rapidement. Au niveau des infrastructures, comme la compétition était organisée par la NBA, c’était assez exceptionnel. Dès mon arrivée au Rwanda, on m’attendait sur le tarmac de l’aéroport, ça annonce la couleur ! Nous avons eu seulement cinq jours pour nous entraîner mais même sans gagner, nous avons disputé des matches serrés. L’événement a été très médiatisé, ça m’a offert de la visibilité (13 points et 6 passes de moyenne).

N1, sélection nationale ou BLA, vous prenez beaucoup de responsabilités offensivement. À Bordeaux, vous avez eu immédiatement carte blanche pour mener l’attaque ?

Bordeaux m’a proposé un rôle de leader, c’est ce qui me manquait pour continuer à progresser. Concernant l’attaque, j’étais d’abord dans l’observation. En tant que meneur, on doit connaitre les points forts et faibles de ses coéquipiers. Quand les matches ont débuté, on m’a demandé d’être plus percutant. Je suis en réussite, j’espère que ça va continuer mais avec plus de victoires.

Les mauvais résultats de Bordeaux remettent-ils en perspective vos prestations ?

Oui, bien sûr. En tant que meneur, je prends toujours la défaite pour moi. C’est frustrant. Nous avons changé de coach, Arvydas (Straupis) est arrivé et il faut un peu de temps pour que sa philosophie de jeu se mette en place. Si on garde notre état d’esprit du moment avec des joueurs qui se donnent à 100% à l’entraînement, on finira par ramener des victoires.

Dans les années à venir, où voulez-vous écrire votre avenir ?

Je pourrais vous répondre Pro B, Betclic Elite ou Euroleague mais je vis au présent. Je veux aller le plus loin possible mais pour l’instant, il faut déjà essayer de maintenir le club en N1.

Propos recueillis par Jérémy Barbier